Opinion : l’ennemi, c’est le virus

Geplaatst op 18 septembre, 2020 om 18:17

Revenons en janvier-février de cette année.

Un virus totalement inconnu de la science se propage depuis la Chine et prend rapidement les proportions d’une pandémie. Comment protéger la population et organiser les soins pour qui tombe malade ? C’est la mission de l’état.

C’est pour cela que nous avons fait appel à des scientifiques dès le début de cette crise sanitaire, pour conseiller la politique, sur base de leur expérience et leurs domaines de recherche.

Dès le départ, j’ai choisi de baser la politique sur les arguments scientifiques. Cela ne signifie toutefois pas que ces idées sont « gravées dans le marbre ». Les experts sont eux aussi confrontés à une situation inconnue. Cela fait qu’ils ne sont pas toujours d’accord entre eux. C’est non seulement normal, mais aussi positif, parce que cela fait naître le débat et mène à de meilleures idées.

D’habitude, cela demande du temps pour arriver à un avis équilibré, mais aujourd’hui, le temps presse. La science est un peu obligée d’émettre des avis « prématurément », ce à cause de quoi davantage de divergences peuvent exister. On attend alors que les décideurs politiques posent les choix.

Nous aimons tous la clarté. Parfois, cependant, elle n’est tout simplement pas (encore) possible. C’est parfois dur à accepter, en particulier lorsqu’il s’agit de quelque chose qui a un tel impact sur notre vie.

Entretemps, neuf mois plus tard, on en sait plus sur le virus et son impact sur notre société dans tous ses aspects. Cela mène automatiquement à encore plus de discussions entre les différents domaines et disciplines. Il n’y a rien de mal à cela. Au contraire, ce processus est important pour parvenir à des idées consolidées et largement soutenues. À un consensus.

Le climat est aujourd’hui un peu tendu. Tout le monde est un peu sur les nerfs. À chaque fois que les chiffres grimpent, la peur d’un nouveau confinement, avec toutes ses conséquences économiques, sociales et culturelles, nous empare. Et je pense que personne n’a non plus envie de rejouer en Belgique les scènes d’horreur d’Italie et d’Espagne que nous avons pu éviter grâce au confinement de mars et avril.

Tous les conseillers, quelles que soient leur discipline et leur expertise, sont également conscients qu’un nouvel équilibre doit être trouvé entre la lutte contre le virus et la vie avec le virus. Entre éviter la propagation du virus et une société « normale » dans laquelle le virus se cache à chaque coin de rue pour sauter sur chaque opportunité de se propager plus rapidement.

Que cela mène au débat est tout à fait compréhensible, mais comme ministre, je m’attends à des avis que je peux traduire en mesures politiques claires.

Je sais que de bons scientifiques savent agir en confrontant différents points de vue. Cela affine toujours les idées et mène, j’en suis convaincue, à d’encore meilleurs avis.

Je suis dès lors confiante qu’en faisant preuve de bonne volonté, ils s’en sortiront de manière sereine. J’attends avec impatience leurs nouveaux conseils car une chose est sûre : l’ennemi, c’est le virus.