Tous au travail pour notre sécurité sociale

Maggie De Block, ministre de la Santé publique et des Affaires sociales, est ravie que le débat sur l’avenir de la sécurité sociale soit enfin ouvert. Plutôt que d’augmenter les charges, la ministre plaide pour une sécurité sociale qui protège et arrive à activer un plus grand nombre de personnes.
À l’approche des élections du 26 mai, j’avais lancé ma vision sur l’avenir de la sécurité sociale. Mon objectif était d’ouvrir le débat sur la question de savoir comment garantir que nos enfants et nos petits-enfants puissent encore bénéficier d’une protection sociale correcte et abordable. Malheureusement, j’ai constaté que dans les médias, ce thème devait trop souvent céder la place à des idées stratégiques et aux vétos concernant les partenaires de la coalition.
C’est pourquoi je suis ravie de voir que les syndicats aient pris l’initiative d’enfin lancer le débat. Bien que ma vision diffère fondamentalement de la leur et que je sois opposée au fait d’augmenter les charges, j’espère sincèrement que ceci marque le début d’une réflexion fondamentale sur le thème de la réforme de notre modèle social, que nous devrons déployer ces dix prochaines années.
On entend souvent dire que notre sécurité sociale n’est pas un hamac, mais plutôt un tremplin ou une sorte de trampoline en quelque sorte. Que la sécurité sociale doit se concentrer sur les citoyens et non sur les structures. Ou encore que la sécurité sociale devrait servir à éviter les problèmes et non à les résoudre par après. J’estime qu’il est temps de mettre en pratique ces belles paroles.
Davantage de personnes au travail
Notre pays compte depuis peu 7 personnes sur 10 qui travaillent. C’est déjà mieux qu’avant, mais il n’y a toujours pas de quoi se réjouir. Aux Pays-Bas, par exemple, 8 citoyens sur 10 ont un emploi et ils ont un excédent budgétaire.
Ces dernières années, on est arrivé à créer plus de 200.000 nouveaux jobs nets en remplissant le même nombre de postes vacants. Toutefois, 139.000 offres d’emploi non pourvues, cela reste élevé. Le défi est d’arriver à remplir les postes vacants d’aujourd’hui et de demain. Pour cela, il faut activer les ressources de réserve qui sont disponibles.
Il n’existe aucune solution miracle. Il faudra prendre différentes mesures, comme faire en sorte que travailler vaille plus la peine, n’avoir qu’un seul acteur du marché de l’emploi pour l’ensemble des personnes non actives, faire régresser davantage dans le temps les indemnités de chômage, etc. Il est primordial que les régions et le niveau fédéral soient tous sur la même longueur d’onde sur ce point.
Un seul statut social
La tradition veut que notre sécurité sociale se caractérise par d’importantes différences entre employés, indépendants et fonctionnaires – chacun ayant son propre statut et ses propres avantages et désavantages. Je veux briser ces barrières en visant une protection sociale qui soit la même pour toute personne qui travaille. Il s’agirait d’un système bien plus juste, qui permettrait aux gens de changer de boulot plus facilement tout au long de leur carrière. Cela pourrait aussi inciter les gens à créer leur propre entreprise et créer à leur tour de nouveaux emplois.
Une protection sociale en « couches »
A quoi ressemble cette protection sociale unifiée ? Je suis partisane d’une protection sociale constituée de différentes couches, sous la forme du modèle cappuccino. Au lieu de mettre tous les œufs dans un même panier, nous constituerions notre protection sociale par « couche ». En cas de problèmes, nous pourrions toujours retomber sur une autre couche.
Les risques liés au travail, comme les pensions et le chômage, seraient intégrés dans l’assurance travail pour tous ceux qui travaillent. Les autres risques, comme les soins de santé et les allocations familiales, seraient repris dans l’assurance de base.
Outre l’assurance travail et l’assurance de base, nous devons continuer à investir dans les deuxième et troisième piliers. À long terme, par exemple, toute personne qui travaille doit bénéficier d’une pension complémentaire. Nous pouvons y parvenir en nous concentrant davantage sur les cotisations du deuxième pilier plutôt que d’offrir des avantages extra-légaux comme des chèques de toutes sortes.
Tout le monde doit pouvoir suivre
Notre marché du travail change à une vitesse très rapide, notamment en raison de la digitalisation. Dans certains secteurs, de nombreux emplois disparaissent. Ailleurs, de nouveaux emplois apparaissent. Le fait est qu’aujourd’hui, il y a plus d’emplois qu’il y a dix ans et, que d’ici 2030, on prévoit un déficit de main-d’œuvre de l’ordre de 600.000 travailleurs. Les gens sont inquiets par rapport à ces évolutions et se demandent s’ils seront eux-mêmes, ou leurs enfants, encore en mesure de suivre.
Nous devons offrir une réponse à cette inquiétude afin que personne ne reste à la traîne. C’est pourquoi je plaide pour un budget de formation de deux ans pour chaque personne qui travaille. Ce budget peut être utilisé pendant la carrière pour suivre de nouvelles formations ou se recycler. De plus, je souhaite faire en sorte que le système de trajets de transition soit légalement possible. De cette façon, certains travailleurs qui, aujourd’hui, sont licenciés et tombent au chômage, pourraient directement commencer à travailler chez un nouvel employeur chez qui ils recevraient une formation.
Ainsi, nous nous attaquons au chômage de manière préventive au lieu de tenter de le combattre a posteriori .
S’investir paie
Les personnes qui cotisent déjà de manière suffisante à la sécurité sociale, doivent pouvoir gagner un petit extra en plus. Nous devons récompenser les personnes qui s’investissent au lieu de les sanctionner.
C’est pour cette raison que nous avons instauré des systèmes comme celui des flexi-jobs. Ce système permet qu’il y ait davantage de cotisations sociales payées. Si l’on prélève des cotisations sociales classiques sur ce type de jobs flexibles, ces emplois disparaîtront rapidement. Ou pire encore : se retrouveront à nouveau dans des sphères plus opaques.
Voilà, je vous ai donné mes arguments. Je suis intimement convaincue qu’il faut à présent mener une réflexion fondamentale au-delà des clivages politiques et avec l’apport de la société civile.